VACANCES SUR LA CÔTE AMALFITAINE

Passant quelques jours de vacances sur la splendide côte Amalfitaine , j’ai emporté quelques exemplaires du dernier numéro de la revue “Oinos” ,avec  la photo de Marisa Cuomo , propriétaire d’une Maison viticole sur la couverture. Je les ai distribuées à propriétaires d’hôtels, sommeliers et restaurateurs. Souvent nous partons à la découverte de destinations exotiques, de mers  bleues et nous ignorons les magnifiques  localités touristiques de notre pays. La côte Amalfitaine offre tout ce qu’il y a de mieux : paysages, mer et restauration. Il suffit de penser que sur la côte Amalfitaine il y a 26 restaurants avec étoiles Michelin, non seulement, mais on arrive  aussi  à trouver des restaurants avec un rapport qualité/ prix vraiment  très intéressant.

On rencontre d’excellents chefs cuisiniers  qui aiment , heureusement , à mon avis, exalter les produits naturels. Souvent nous recherchons l’impossible, la cuisine trop élaborée pour ensuite revenir avec enthousiasme à la recherche de plats simples , bien préparés avec des ingrédients de première qualité.

De nombreux étrangers ont établi leur résidence sur cette côte, appréciant notre patrimoine naturel, artistique et oeno-gastronomique. L’Italie serait économiquement plus forte si elle valorisait mieux son patrimoine naturel , artistique et culturel. Il nous est arrivé souvent d’aller à l’étranger et de payer un billet d’entrée « salé » pour voir pas grand-chose ou du moins rien de très important d’un point de vue historique, artistique .L’Italie est riche , richissime en œuvres d’art, il y en a tellement que nous ne connaissons même pas leur nombre et leur importance.

La Campanie est une belle région et la côte Amalfitaine est unique dans son genre. Les personnes sont spontanées et aimables. Vivre ou passer ses vacances dans une région où tu te sens le bienvenu, où règne la gentillesse est un vrai plaisir.

Quand je pars en vacances j’ai souvent besoin de quelques jours pour oublier les soucis de ma profession et me relaxer.

Cette année je n’ai pas eu besoin de décompresser, en effet dès que je suis arrivé à l’Hôtel Excelsior – Vittoria j’ai tout de suite commencé à profiter pleinement de mes vacances .

Je veux toutefois vous raconter une expérience négative pour ensuite vous parler des aspects  positifs de mon séjour.

L’avant-dernière soirée que j’ai passé sur la côte Amalfitaine , j’ai dîné à Vico Equense au restaurant «  Torre del Saraceno  de Gennaro Esposito. Mon ami  Vito Cinque , propriétaire du magnifique hôtel «  Il San Pietro de Positano » avait téléphoné pour me réserver une table et , à mon insu, avait sollicité une attention bienveillante. La même chose avait été faite par Fabio Ringo, importateur italien de vins, Silvia Imparato, propriétaire du domaine viticole Montevetrano et enfin Maurizio Menichetti , propriétaire du restaurant toscan «  Caino » à Montemarano qui lui avait dîné deux jours auparavant au restaurant de Gino Esposito et avait bu , paraît-il, un excellent  vin blanc le Trebbiano «  Valentini » année 1982 qui , à son avis, est supérieur à de nombreux vins français appellation «  Montrachet ». Étant un grand enthousiaste des vins de Bourgogne , je dois avouer que j’étais très curieux  de découvrir ce vin. Le soir convenu, avec ma femme nous sommes allés chez Gennaro Esposito  à Vico Equense. À peine arrivé, je me suis présenté et j’ai tout de suite tenu à préciser que mes amis avaient téléphoné  pour faire part de mon arrivée sans que je sois au courant .  Au cours de la conversation nous avons découvert que nous avions de nombreux amis en commun dans le secteur de l’oeno-gastronomie et du journalisme . J’ai  demandé à Gennaro qu’il me serve deux plats qui m’avaient été conseillés par mon amie Silvia Imparato.  Gennaro m’a répondu “ je trouve opportun  , étant donné que , vous êtes un journaliste et que  nous avons  de nombreux amis en commun , que vous ayez un  aperçu de  ma cuisine. Vous dégusterez les mets suggérés par Silvia une autre fois.“  Étonné , j’ai répliqué «  bien, mais attention je n’aime pas le poisson avec des saveurs trop relevées.“ Le sommelier m’a présenté la carte des vins et me précisait que hors carte , je ne savais pas pourquoi hors carte ,mais je l’ai compris plus tard, il y avait une bouteille de champagne Clos de Goisses de Philipponat cuvée 1996. J’avais déjà vu cette bouteille de champagne sur la carte d’autres restaurants du coin , à un prix, à mon avis «  absurde », j’ai donc préféré choisir un excellent vin mousseux italien , pour moi le meilleur, un Giulio Ferrari, réserve du Fondateur cuvée 2001. Je demandais aussi au sommelier de déguster un Trebbiano d’Abruzzo Valentini mais d’une cuvée pas trop récente . Il me proposait un Valentini 1982, hors carte, mais sans me préciser le prix. Je lui ai rappelé que mon ami Maurizio Menichetti avait bu le même vin deux jours auparavant. Le sommelier a ouvert la bouteille mais le vin était bouchonné.  Il m’a porté une deuxième bouteille , la dernière, et le vin ne présentait aucun problème olfactif. Je l’ai gouté et j’ai commencé à écrire mes notes de dégustation . Le dîner a été toute une succession de plats avec des portions très restreintes, tous bons mais avec des saveurs intenses , à mon avis presque trop élaborés. C’était une espèce de “nouvelle cuisine“ avec des saveurs traditionnelles. Personnellement je préfère un dîner composé de moins de mets  mais  avec des portions un peu plus abondantes. Une profusion de saveurs confondent le palais  et l’estomac . Pendant le dîner le propriétaire Gennaro Espositos est venu plusieurs fois à notre table et nous lui avons fait part de nos impressions favorables.

Le sommelier a continué à nous servir le vin et je lui ai fait  remarquer que le vin était très expressif au nez mais en bouche il perdait un peu de saveur. Le sommelier en a convenu et a précisé que la bouteille que Maurizio Menichetti avait bue était de qualité supérieure. Le dîner terminé Gennaro Esposito est venu s’asseoir à notre table et nous avons agréablement parlé d’oeno-gastronomie avec lui et deux autres personnes d’un certain âge qui s’étaient mariées la veille,  très aimables, assises à une table à côté. Environ une demi-heure plus tard ,il était deux heures du matin et j’avais une heure de route pour rentrer à l’hôtel, j’ai demandé  le compte au sommelier . Il me le présente sur un bout de papier anonyme et avec le vin «  Valentini » facturé cinq fois plus cher que le prix sur la carte d’une cuvée 2000. Quelques jours auparavant au restaurant «  Don Alfonso » à Sant’Agata dei due Golfi , j’avais bu deux vins merveilleux , un vin autrichien cépage Gruner Veltliner , Prag 2008 et un bordeaux blanc Domaine de Chevalier 1989, tous les deux   50% moins chers que le seul «  Valentini ». Le Gruner  Veltliner est , à mon avis , un vin blanc magique. C’est un vin qui a les mêmes caractéristiques que le Chardonnay de Bourgogne avec des notes de noisettes grillées , fruitées, d’agrumes et de fleurs ainsi que des notes de Kérosène , typiques du Riesling Alsacien. Ce vin est en outre doté d’une généreuse sapidité et minéralité. Si on se passe la langue sur les lèvres après l’avoir dégusté, on a l’impression d’avoir bu de l’eau de mer. Ce vin commence à s’exprimer au maximum après cinq ans d’élevage. Le Domaine Chevalier1989, un vin blanc, était encore incroyablement jeune avec des notes légèrement plus mûres que quand je l’avais dégusté pour la première fois, en aveugle avec deux autres vins français,  il y a cinq ans, au Château , avec le propriétaire Olivier Bernard et quelques amis du Grand Jury Européen. C’était un vin très jeune avec des notes vanillées de pâtisserie, fleurs jaunes , graphite et de sabayon et en bouche une incroyable acidité.

Le sommelier du restaurant «  Don Alfonso » m’avait félicité et m’avait dit : «  Vous avez choisi deux jolis vins , pourquoi  ne venez-vous pas nous voir plus souvent ? » J’ai bien sûr apprécié et en outre j’avais bu deux grands vins.

Je vous ai raconté ce fâcheux épisode, car quelque fois il faut se méfier même d’un restaurant deux étoiles Michelin malgré les coups de téléphone et les amis communs. Et si j’y étais allé dîner sans être préalablement annoncé ?

Le prix de la bouteille était absurde et le sommelier n’a pas été correct en me proposant un vin hors carte . Pour être plus précis, il m’a proposé deux vins «  hors carte » sans me dire le prix. Les jours suivants j’ai repensé à cet épisode et à mon ingénuité. Je ne reviendrai jamais plus manger dans ce restaurant d’autant plus que ma femme a eu un léger malaise d’estomac, la nuit. Coïncidence ?. La Campanie est toutefois une très belle région. J’y étais déjà venu mais la gastronomie était encore à ses débuts. Il y a quelques années , j’avais dîné au restaurant «  Don Alfonso » à Vico Equense quand il avait obtenu les trois étoiles Michelin et était considéré parmi les cinq plus importants restaurants d’Italie. Il était le symbole d’une aube  naissante et l’orgueil non seulement de la gastronomie de la Campanie mais de tout le sud de l’Italie. En quelques années le panorama oeno-gastronomique a incroyablement changé.

De nouvelles exploitations viticoles ont vu le jour et la qualité des vins s’est améliorée. Dans le domaine de la restauration il y a eu et il ya encore une recherche d’ingrédients naturels. J’ai connu de jeunes restaurateurs  pleins d’enthousiasme , voulant continuellement  apprendre, progresser  et qui ont déjà obtenu d’excellents résultats.

Sur la côte Amalfitaine on trouve des restaurants plus ou moins chers , mais je peux vous garantir qu’on peut très bien manger sans dépenser une fortune et avec  une bonne carte des vins . À Sant’Agata dei due Golfi , vous trouverez «  lo Stuzzichino » , où Mimmo , le propriétaire vous proposera le menu de la maison de très bonne qualité ainsi qu’un excellent vin en dépensant au maximum 40 Euro par personne . À Praiano,  vous trouverez un autre restaurant en bord de mer «  La Praia », le propriétaire Armandino vous accueillera joyeusement et aimablement et vous offrira une cuisine génuine, simple mais délicieuse et à un prix raisonnable.

Durant mon vagabondage dans la région, je suis allé au restaurant le «  Faro di Capo d’Orso » d’où on peut jouir une vue magnifique . Je vous conseille d’y aller déjeuner ; le poisson est frais,  bien préparé.  L’accueil est parfait mais , à mon avis , la carte des vins devrait être un peu améliorée  bien  que le restaurant ait une cantine assez bien fournie.

Un autre bon restaurant «  L’Acqua pazza » à Cetara où vous dégusterez d’ excellents poissons riches en oméga 3, les spaghetti à la colature d’anchois de Cetara et la poutargue. Le cadre est plaisant  mais je vous conseille de manger sous la petite pergola, plus agréable l’été. Bon service . Carte des vins discrète.

On nous a servi un excellent risotto aux crevettes et citron  chez « Gemma » un joli restaurant qui se trouve en plein centre de Amalfi avec terrasse sur la rue principale. J’ai bu un vin du terroir le «  Serole 2010 » un vin blanc assez structuré et séduisant. Bonne carte des vins.

À Positano, j’ai mangé plusieurs fois à la « Taverna del Leone » restaurant aux murs d’une blancheur resplendissante . Cuisine typique , excellente, bon rapport qualité/prix . J’ai particulièrement apprécié  la soupe de   haricots  blancs avec les moules. Délicieux !

Si vous allez à Vico Equense, je vous conseille le restaurant « Gigino- pizza au mètre ». C’est un restaurant qui date des années 70 où vous mangerez la pizza que vous voulez. La pizza est bonne, le restaurant est sans prétention mais vaut le coup.

Si vous cherchez un restaurant avec vue époustouflante, allez au « San Pietro de Positano ». Situé sur un terrasse qui surplombe la mer, le soir, la lune se reflète dans la mer et vous offre un spectacle magique, unique. La cuisine est traditionnelle et le choix des vins est important. Le sommelier, Salvatore, est un vrai professionnel et un passionné de vins. On peut aussi y manger la meilleure pizza de Positano.

J’ai déjà parlé du restaurant «  Don Alfonso » de Sant’Agata dei due Golfi où j’ai mangé un  exceptionnel œuf poché avec de la truffe noire .  Rien à dire sur l’accueil qui est irréprochable comme le service et la cave . Le restaurant propose un menu plutôt classique, la cave est gérée par un  expert sommelier  et la carte des vins ainsi que  celle du restaurant  «  La Sponda » dell’Hôtel Le Sireneuse vous offre le choix le  plus varié   de la côte Amalfitaine. C’est à ne pas manquer et pour compenser on va ensuite chez Mimmo à « Lo Stuzzichino » où on mange bien mais plus simplement.

Un autre restaurant magique est la « Sponda » de l’Hôtel Le Sireneuse où on peut dîner sur la terrasse face à la mer. Quand je suis arrivé le maître est venu vers moi et m’a dit : «  je vous connais, vous êtes déjà venu il y a douze ans » J’en suis resté bouche bée. Il nous a accompagné à une table avec vue sur la mer et le serveur lui aussi m’a dit : «  quel plaisir de vous revoir » . le jeune sommelier, Christian , a offert à ma femme et à moi un verre de champagne offert par l’ami Fabio Ringo, importateur de vins de Brescia , qui avait fait la réservation. J’ai passé une très belle soirée, dorloté par le personnel . J’ai un souvenir fantastique de deux mets en particulier, le riz à la tomate ( six qualités différentes) cuit parfaitement et un  délicieux gâteau au chocolat servi avec un excellent vin français,  un Banyuls, Domaine de la Rectoire 2008, qui  se conjuguait très bien avec ce dessert et nous a été gentiment offert par Cristian. Bonne carte des vins.

Un jour j’ai été invité par l’ami de Florence Simone Giorgi, directeur de l’Hôtel J.K Palace de Capri. L’hôtel  qui donne sur le splendide  port de Capri, est un 5 étoiles luxe avec environ 22 chambres . On a l’impression de loger dans un hôtel particulier et si je ferme les yeux , je m’y revois encore.  Le restaurant est sur une terrasse avec une vue époustouflante. Le jeune chef de cuisine , Eduardo Estatico prépare  des plats savoureux , en respectant la tradition mais leur donnant une touche de modernité dans la réalisation.

J’ai dégusté un calamar avec la tomate du Piennolo du Vésuve, câpres de Salina et olives noires ; des boulettes de viande  de bœuf avec la sauce tomate classique napolitaine et provolone Del Monaco, mezzo pacchero de Gerardo di Nola au fromage, poivre et poire ; veau en croute de provolone Del Monaco , romarin et poivre rose avec des aubergines à l’huile d’olive et pour terminer la pastiera napolitaine . J’ai bu un vin rouge de la région, le Costa d’Amalfi Furore, 2009 de Marisa Cuomo servi à 15° à cause de la température extérieure ,  un vin parfait, équilibré et plaisant .

À Marina de Nerano il y a trois restaurants importants dont «  Tonino quattro passi » une personne unique , authentique. Le restaurant est très moderne, original, unique dans son genre. La cuisine est excellente et la carte des vins bien fournie. J’ai mangé en autre des spaghetti aux palourdes et moules cuits dans l’eau de cuisson des palourdes , un vrai délice. Les mets de ce restaurant sont préparés avec des ingrédients de première qualité.

Je tiens à citer un dernier restaurant , celui qui au Yacht Club de Marina de Stabia. Ce restaurant m’a été signalé par un collègue avocat de Naples par l’intermédiaire de Fabio Ringo. La réservation était pour la dernière soirée que je passais sur la côte Amalfitaine. C’est un peu la version estivale du restaurant «  Antica Osteria Nonna Rosa » de Vico Equense. Une fois arrivé à  proximité du port de Marina de Stabia, en fin d’après midi, surpris par l’aspect un peu délabré, j’avais presque envie de repartir et d’annuler la réservation  . Le Yacht Club , inauguré depuis peu est au contraire une belle structure. Le restaurant est , me dit-on, réservé aux  membres du club sauf quand des soirées particulière sont organisées. Antonio Indovino, un jeune a sommelier nous a accueilli , le  chef sommelier étant absent ce jour là. En signe de bienvenue , on nous a  offert des «  anchois à l’Amalfitaine farcies à la provola et basilic, panées, frites servies sur une crème de poivron grillé.

Comme entrée nous avons choisi  des spaghetti avec des « lupini de mer »( petites palourdes) tomates datterini cuites au four , fromage et poivre. Superbe ! Le chef cuisinier  Mario Cinque est venu  à notre table  et nous lui avons fait part de nos appréciations . Il nous a proposé une autre entrée , un riz à l’eau de tomate ( distillat de tomate obtenu par la séparation de l’eau contenu dans la tomate de la chair sur un linge en coton) sur un pesto de basilic et noix. Un mets unique soit en ce qui concerne la préparation que la saveur . C’est la première fois que je mange un plat préparé avec du distillat de tomate . Le chef cuisinier  nous a expliqué qu’il s’agit d’une préparation un peu longue.

Nous avons ensuite choisi un calamar rôti servi sur un carpaccio de tomates cœur de bœuf ( variété de tomates typique de la péninsule de Sorrente ) assaisonné d’un filet d’huile d’olive, une pincée de sel et origan. Ce plat aussi nous a émerveillé. Croustade de figues et noix caramélisées, millefeuille avec crème pâtissière et amarelles au sirop et offertes par le chef « zeppole de pâte de pommes de terre aromatisées aux écorces d’agrumes frites , panées avec sucre et cannelle, tout cela en dessert. Les trois desserts étaient excellent. Je n’ai pas encore dit que j’ai bu un vin rouge de la Campanie le « Terra di Lavoro » de la Maison Galardi , un 2008. Vin incroyable pour sa structure, ses arômes et le tannin soyeux. L’arôme prédominant est celui de la roche lavique qui lui confère un caractère unique alors que le tanin était soyeux.

Ce dîner ainsi que celui au J.K de Capri ont été sans aucune hésitation les meilleurs ,  du hors d’œuvre au dessert. Le chef Marino Cinque du Yacht Club et Eduardo Estatico du J.K de Capri sont deux personnes simples, humbles, conscientes qu’il y a toujours de nouvelles choses à apprendre et qui tentent de réaliser avec des ingrédients d’excellente  qualité des vrais mets non artificiels ( chimiques).

Leur secret est de savoir mettre en valeur  et bien harmoniser les ingrédients sélectionnés de façon presque maniaque. Tous les deux dédient la majeure partie de leur temps  à l’art de la cuisine sans aucun sacrifice mais poussés par la passion et l’amour pour leur profession.

Je voudrais conclure en soulignant que l’Italie est un beau pays et les italiens sont  ingénieux, habiles et intelligents . Nous sommes un beau pays même si les hommes  politiques italiens font  tout pour nous anéantir.

La Campanie est un exemple de ce savoir-faire , la gastronomie en est un témoignage.

Étant de passage dans la région , j’ai téléphoné à Silvia Imparato titulaire du domaine viticole Montevetrano pour lui demander si je pouvais faire une verticale de son vin. Il y a longtemps que j’avais envie de faire une verticale du vin  Montevetrano, un domaine qui se trouve à San Cipriano Picentino, près de Salerne.

J’ai connu  le Montevetrano  au début de ma carrière dans le monde de l’oenologie , c’est-à-dire quand Marcello Crini , propriétaire du restaurant «  Il salotto del Chianti » à Mercatale Val di Pesa , près de Florence , restaurant qui a une étoile Michelin ,a organisé une dégustation de vins et un dîner avec la participation de Mr Riccardo Cotarella, œnologue italien, connu dans le monde entier. Parmi les vins présentés il y avait le « Montevetrano » et le « Terra di Lavoro » deux vins de la région campane année 1997. Silvia n’a pas participé à la dégustation. Nous étions une trentaine de personnes dont plusieurs journalistes. Les vins que j’avais le plus appréciés étaient le Montevetrano et le Terra di Lavoro, bien que à mon avis le Montevetrano était un vin plus facile, prêt à la consommation . Daniel Thomases, journaliste américain qui vit depuis longtemps à Florence , présent lui aussi à la dégustation, hocha la tête pour manifester son désaccord, à son avis le Terra di Lavoro était supérieur au Montevetrano. Riccardo Cotarella me confia : «  j’en ferai part à Silvia et cela lui fera plaisir »

Après cette première rencontre avec le Montevetrano , j’ai commencé à suivre soit le Montevetrano que  le Terra di Lavoro assidument. J’ai rencontré Silvia Imparato à une présentation de vins et chaque fois que je la rencontre elle m’invite à faire une verticale de ses vins. Je n’y étais jamais allé jusqu’à présent par manque de temps. Beaucoup de Maisons  m’invitent mais  malheureusement le temps à ma disposition ne me permet pas toujours d’y aller.

Le 26 j’ai téléphoné au domaine viticole et j’ai parlé avec Silvia qui avec sa gentillesse proverbiale m’a demandé d’aller passer une journée dans sa propriété afin de déguster en toute tranquillité quelques vins de sa production. Elle m’a suggéré de prendre  l’aéroglisseur  de Positano à Salerne .Sa propriété est à 15 minutes du port. Deux jeunes et sympathiques journalistes américains qui connaissaient mon site web et avaient lu quelques uns de mes articles en anglais ont participé eux aussi à la dégustation.

La propriété est à 20 km du centre de Salerne , à 130m au dessus du niveau de la mer . La superficie est de 26 hectares mais seulement 6 hectares sont cultivés à  vignobles. C’est le grand père de Silvia qui a acheté la propriété  dans les années 40. Les fruits, les noisettes , l’huile d’olive et le vin pour les besoins de la famille étaient les principales productions .La composition du terrain cultivé à vigne varie  ,par exemple le merlot est cultivé sur un terrain  un peu plus argileux ; les cépages changent en fonction du terrain.

L’année 1991 a été la première année de production, très peu de bouteilles pour quelques amis. Le vin était produit avec 70% de Cabernet Sauvignon et 30% d’Aglianico. Même chose en 1992 . La commercialisation a commencé en 1993. La production annuelle est de 30.000 bouteilles, les cépages ont été jusqu’en 2005, 60% de Cabernet Sauvignon 30% Merlot et 10% Aglianico. En 2011 le vin « CORE »  100% Aglianico, 11.000 bouteilles par an ,a été commercialisé. Il s’agit d’un joli vin, plaisant, pas particulièrement structuré et moins important que  le Montevetrano.

Silvia à une certaine période de sa vie a décidé d’abandonner sa brillante carrière de photographe à Rome et de se lancer dans l’aventure ,de prendre en main la propriété de ses grands parents, avec l’intention de produire un grand vin rouge. Pour porter à terme ce projet elle a demandé a Riccardo Cotarella de s’occuper de la partie œnologique et ainsi ils ont commencé ensemble ce parcours, certainement ardu. Ils ont réussi à produire un vin qui est un fleuron de l’œnologie italienne et qui est apprécié dans le monde entier.

Silvia a donné  au vin sa simplicité, son élégance, son charme ; un vin unique , riche  caractérisé par des notes fruitées et quelque fois avec aussi des notes florales.

C’est la première fois que je fais une verticale de ce vin. Nous avons dégusté le 1999, 2001, 2004, 2005, 2009, 2010 et 2011

J’espère pouvoir faire un jour une verticale complète de toutes les années pour avoir une vision générale de toute la production.

J’aime faire les verticales car elles  permettent de mieux connaître la Maison et le vin.

Quand Silvia m’a demandé quelles années je voulais déguster, je n’ai pas osé lui dire toutes les années, je lui ai simplement dit : «  au moins sept années ».

Les journalistes américains présents à la dégustation parlaient avec Silvia et sa fille Gaia et craignaient de me déranger. Je les ai rassurés, en leur disant que  pendant la dégustation mes oreilles se ferment comme les portes étanches  des sous marins pendant l’immersion.

J’ai fait part à Silvia  que le 2004 exhalait des arômes intenses de tabac blond  pour pipe et fruits confits (cerise et prune). Silvia m’a regardé sans rien dire , visiblement émue et m’a confié que c’était la première fois qu’on le lui disait. Elle aussi , avait une fois dégusté le 2004 avec des amis et avait perçu au nez des arômes de tabac pour pipe mais quand elle en avait fait part à ses amis , ils s’étaient gentiment moqué d’elle n’ayant pas noté cet arôme. Il arrive que des personnes aient des capacités olfactives majeures, même si cela peut sembler impossible .J’ai été moi-même quelque fois pris pour une personne qui délire parce que quand une personne percevait un arôme  moi au même moment j’en percevais plusieurs.

Parlons maintenant de la plaisante et très belle verticale de Montevetrano.

La densité des tanins est très importante et je le perçois  sur la gencive supérieure. La densité totale est 6/6, c’est-à-dire toute la largeur de la gencive supérieure. Si le vin est moins tannique il pourra être 5/6 et ainsi de suite. Plus les tanins sont denses plus le vin est digne d’attention. La qualité est elle aussi importante , les tanins doivent être de bonne qualité.

 

MONTEVETRANO 1999

(Cépage : Cabernet Sauvignon, Merlot , Aglianico )

Couleur rouge grenat et disque orangé

Il exhale un nez immédiat de café froid, poivre noir, noix muscade, menthe, eucalyptus, rouille, laurier, romarin, réglisse, fumé, pierre lavique, pierre à feu, chocolat, léger, poudre à canon, léger, cerise griotte, cassis, selle en cuir, boisé, léger,  pour terminer de plaisantes touches florales de violette.

En bouche c’est une profusion de saveurs séduisantes avec la truffe noire au premier plan. Vin sapide et minéral.

Frais et équilibré, moyennement structuré et l’alcool en retrait grâce à des tanins doux, veloutés et assez denses (5/6-). Long en bouche avec finale de chocolat et de prune légèrement acerbe.

Joli vin avec un nez riche et varié

J’ai été surpris par la note fruitée légèrement acerbe ressentie en bouche.

92/100

MONTEVETRANO  2001

(Cépage : Cabernet Sauvignon, Merlot  et Aglianico )

Paré d’une belle robe rouge grenat avec disque orangé.

En ouverture de nez je perçois un arôme tertiaire de trichlore qui évolue  en peinture   et au fur et à mesure que le vin s’oxygène on a des arômes de cerise griotte, terre humide, cuir vieilli, chocolat, melon blanc ( l’odeur de l’eau de mer pure), menthe, eucalyptus, romarin, poivre noir, noix muscade, laurier, amidon pour le repassage , prune, jute et pour terminer d’ intenses effluves de chocolat.

La prise en bouche est très plaisante.

Moyennement structuré, bien équilibré grâce à l’acidité et aux tanins  doux, denses ( 5/6+), soyeux à l’attaque  pour ensuite donner une légère sensation de bouche sèche qui dominent l’alcool.

Long en bouche avec finale de prune, cerise et chocolat.

À mon avis ce 2001 est supérieur au 1999

93/100

 

MONTEVETRANO   2004

(Cépage : Cabernet Sauvignon, Merlot et Aglianico )

Rouge grenat soutenu

Arômes intenses , variés, impétueux  de rouille, réglisse, paille, poivre noir, noix muscade, menthe, eucalyptus, cuir vieilli, le parcours olfactif continue avec des notes végétales, légers, amidon pour le repassage, intense, romarin, chocolat, tige de cyclamen cassée (pour l’acidité), cerise griotte, jute et pour terminer un enthousiasmant et plaisant arôme de tabac pour pipe avec cerise et prune sèche.

En  bouche il révèle une  bonne structure , vin doté de minéralité et sapidité.

Bien équilibré, alcool en retrait par rapport à l’acidité et aux tannins qui sont doux , soyeux, fins à l’ouverture et petit à petit deviennent  plus épais. En finale les tanins donnent une sensation légère de brûlure sur la gencive supérieure . Tanins éclectiques !

Long en bouche avec finale de tabac pour pipe .

Dans mes notes je l’ai noté «  un vrai plaisir»

93/100

 

MONTEVETRANO  2005

(Cépage : Cabernet Sauvignon, Merlot et Aglianico)

Belle couleur rouge grenat

L’examen olfactif met tout de suite au premier plan une légère note de géranium. En évolution menthe, eucalyptus, amidon pour le repassage, café froid, léger, confiture de cerise griotte, tomate sèche, pour terminer de plaisantes senteurs de tabac blond pour pipe et notes fruitées de cerise et prune sèches ( qui évoquent le 2004).

En bouche le vin est équilibré, les substances dures ( fraîcheur et tanins) dominent le substances molles ( sucres, alcool et polyalcools) Les tanins sont doux, assez denses (4/6) soyeux à l’ouverture pour donner une sensation d’assèchement en finale. Moyennement  charpenté.

Assez persistant avec finale douceâtre qui évoque le tabac pour pipe déjà perçu au nez.

Heureusement qu’on ne ressent pas la note de géranium en bouche.

En général les vins de  2005  sont riches en arômes mais  ont une charpente et une  longueur de bouche un peu en dessous de la moyenne.

89/100

 

MONTEVETRANO  2009

(Cépage : Cabernet Sauvignon, Merlot et Aglianico)

Joli rouge rubis

Il révèle à l’ouverture des arômes de peinture , légers et amidon pour le repassage, en évolution des notes de menthe, eucalyptus, cerise légèrement confite, jute, prune, tabac pour pipe avec fruits secs, encre de chine, léger, réglisse et pour terminer des effluves de fumé ( tison de bois éteint)

Il ravit le palais avec sa belle structure à la saveur de prune.

Corps moyen. Vin équilibré, imperceptible sensation de chaleur, magistralement dominée par l’acidité et les tannins qui sont doux et denses (5/6+)soyeux à l’ouverture pour à la fin laisser une légère sensation de chaleur sur la gencive supérieure.

Longue persistance aromatique intense avec finale de prune juteuse et jute.

J’ai été très surpris par la structure du vin et  la saveur de prune.

J’ai hésité entre 92/100 et 93/100.

93/100

 

MONTEVETRANO  2010

(Cépage : Cabernet Sauvignon, Merlot et Aglianico)

Paré d’une robe rouge rubis soutenu

Nez intense et riche avec à l’ouverture un arôme qui me rappelle l’eau gazeuse artificielle (idrolitina).En évolution un éventail de senteurs caractéristiques de  rouille, cerise griotte, violette, intense, chocolat et prune , intense, poivre noir, noix muscade, légers, amidon pour le repassage, la coque de l’amande, notes végétales légères et touches  sucrées de tabac pour pipe.

Au palais c’est une profusion de saveurs de prune fraîche. Vin équilibré, moyennement charpenté avec des notes sapides et minérales. Les tanins sont doux , soyeux et denses (5/6+)

Long en bouche avec finale de prune fraîche et chocolat blanc et tout à la fin coque d’amande.

Grand vin ! Jusqu’à présent le meilleur de la verticale.

95/100

 

MONTEVETRANO  2011

(Cépage : Cabernet Sauvignon, Merlot et Aglianico )

Couleur rouge rubis et reflets grenats

Au nez il révèle de plaisants arômes d’encens, groseille mûre, menthe, eucalyptus, fumé ( tison de bois éteint ), prune, romarin, cassis, cerise, rouille, lait de coco, chocolat et tabac pour pipe avec prune et cerise sèches et pour terminer des effluves de dragées.

Surprenant en bouche , il est doté d’un parfait équilibre avec des tanins structurés, doux, soyeux et denses(6/6 –) qui  en harmonie avec la fraîcheur dominent l’alcool.

Moyennement charpenté avec une plaisante minéralité et sapidité.

Long en bouche avec finale de prune en phase de maturation.

À mon avis c’est le meilleur vin de la verticale. Envisageant un beau futur pour ce vin  je l’ai noté :

96/100

 

CORE   2011

( !00% Aglianico)

Magnifique rouge rubis et reflets pourpre

Le nez évoque des arômes balsamiques de menthe, romarin, eucalyptus, Vicks VapoRub , en évolution de paille , cerise griotte, vinosité( odeur de la cave pendant la phase de fermentation), conserve de tomate, coque d’amande, jute et pour terminer les notes sucrées de la peau végétale.

En bouche il est vif avec des sensations fruitées de prune et cerise légèrement confites.

Pas très charpenté mais équilibré avec des tanins doux , soyeux et assez denses (4/6+)

Assez long en bouche avec finale fruitée et pour terminer des rappels sucrés de tabac pour pipe.

Vin séduisant, agréable à boire.

88/100

J’ai été très heureux de voir Silvia et sa fille Gaia, de visiter la propriété et de faire cette incroyable verticale.

Visiter la côte Amalfitaine est  toujours un vrai plaisir non seulement pour ses magnifiques paysages mais aussi pour les personnes qui sont aimables, authentiques et te font encore plus apprécier ce lieu unique.

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